La conférence finale de PANACHE et VALMER a été l'occasion d'échanger autour des outils développés et des connaissances acquises dans le cadre de chacun des projets. Permettez-moi de dégager de ces deux jours et demi de partage de connaissances et de savoir-faire quelques perspectives majeures pour la région Manche.
Un premier aboutissement pourrait être le renforcement des programmes d'observation et de coopération technique et scientifique. PANACHE et VALMER avaient vocation à servir d'observatoires et de laboratoires d'observation de l'écosystème de la Manche, et ainsi à contribuer à une veille scientifique pour la protection des zones d'importance écologique et écologique spécifiques de la Manche. Parmi les exemples concrets de réalisations capitalisables, nous pouvons mentionner l'analyse et l'évaluation des services écosystémiques, la mise en commun des bases de données visant à mutualiser les connaissances à l'échelle des sites marins mais aussi à les rendre publiques, et le suivi de l'état de conservation des aires marines protégées et la collaboration pour une plus grande cohérence des plans de gestion.
Les deux projets ont permis de développer et consolider la construction d'un véritable réseau parmi les acteurs de la gestion d'aires marines protégées de l'espace Manche. Des liens de solidarité entre chercheurs et gestionnaires ont été établis, liens qu'il convient désormais de pérenniser en développant de nouveaux partenariats, pour la création de toujours plus d'outils communs. Une plateforme de travail commune, une instance de coordination technique, une alliance scientifique et technique pour l'échange de données, sont autant de formes que l'on pourrait donner à ces partenariats futurs.
Autre constat majeur, PANACHE et VALMER ont offert l'opportunité aux acteurs des aires marines protégées de l'espace Manche de devenir centraux et incontournables dans le processus de planification spatiale marine. Une véritable approche « bottom up », innovante et pertinente, a pu être développée, sur laquelle construire un réseau solide et cohérent d'aires marines protégées. Elle contribue à prendre mieux en compte la valeur socio-économique des sites protégés, à croiser les enjeux à des échelles géographiques distinctes et à faciliter la concertation avec les acteurs économiques concernés par la planification spatiale marinePar ailleurs, cette approche simplifie la mise en oeuvre de la gouvernance par les décideurs, car elle leur offre un véritable point de convergence avec les acteurs locaux. Un autre constat en matière de planification spatiale marine est l'importance de travailler étroitement avec le secteur de la pêche, afin de défendre ensemble la préservation des services écosystémique et socio-économiques liés aux ressources marines vivantes.
Il apparaît capital que la démarche des projets PANACHE et VALMER soit reconnue et soutenue par la société civile. Pour cela, le grand public doit absolument être considéré comme une cible pertinente de la diffusion des connaissances acquises. Ainsi, des outils devront être développés à destination des scolaires, les sciences participatives tiendront une place toujours croissante et les réseaux sociaux et autres nouvelles technologies de l'information seront considérés comme des vecteurs à privilégier.
A ce stade, la démarche des deux projets ne doit pas davantage rester à un niveau technique et scientifique : un portage politique et institutionnel est nécessaire, afin de l'ancrer dans les stratégies de gestion de l'espace Manche. Il conviendra notamment de démontrer que cette démarche répond aux engagements politiques internationaux et qu'elle est indispensable à la bonne application des politiques maritimes intégrées européennes (telles que la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin et la Planification Spatiale Maritime). Pour cela, un soutien politique devra être sollicité auprès d'acteurs pertinents, tels que les décideurs des instances de gouvernance de chaque côté de la Manche.
PANACHE et VALMER se terminent. Mais plus qu'à une fin, c'est au début prometteur d'une coopération technique et scientifique forte que nous assistons. Or, il est aujourd'hui capital de renforcer ces liens établis en structurant et finançant durablement les activités communes menées à l'échelle de l'écosystème de la Manche. Deux options semblent se distinguer : s'inspirer des financements du Regional Advisory Council mis en place pour la pêche et financé par la Direction Générale des Affaires Maritimes et de la Pêche, ou proposer un nouveau programme Interreg IVA qui prendrait en compte les perspectives de développement et aborderait la structuration du réseau et pérennisation financière de la démarche initiée par les deux projets.
L'Agence des aires marines protégées, établissement public français dédié à la protection du milieu marin, apporte, en tant qu'opérateur du Ministère français de l'Écologie, son soutien à tous les organismes qui poursuivront la coopération bilatérale entamée par PANACHE et VALMER, pour la protection de l'environnement marin commun de la Manche.
Retranscription libre de l'intervention de Christophe Lefebvre, délégué aux affaires européennes et internationales à l'Agence des aires marines protégées.